Haïti... mais qui se souvenait encore de cet Haïti qui occupe actuellement 80% de nos JT, 4 ou 5 pages de nos quotidiens, truffés de témoignages de désespoirs, de "miracles", d'incompréhension et d'indignation, de questionnement (pourquoi les produits envoyés doivent encore attendre la signature de la douane haïtienne dans les décombres du port de Port-au-Prince) pendant que cette population vit dans la misère la plus sombre... Etant cynique, je dirai que ça ne change finalement pas grand chose, car très justement, comme le disait une Canadienne hier sur une émission récupérée par TV5 en solidarité avec Haïti, aux limites des larmes:
"Pensez qu'il n'avait déjà pas grand chose avant, alors maintenant comprenez qu'ils n'ont plus rien (larmes, larmes, aux bords des pleurs... puis sourrire de consolation): c'est pour cela que nous appelons à votre générosité...".
J'apprends aussi que la France a beaucoup oeuvré en Haïti, tout en apprenant qu'Haïti a toujours refusé l'aide des "blancs" par souci de fierté face à leur ex-maître colonisateur et surtout esclavagiste! En revanche, tout ça, c'est à chaque fois pareil, y'a des trucs qu'on prend en compte, y'a d'autres trucs qui passent presque pour lettre morte. L'Indonésie a été foudroyé par toute une série de catastrophe naturelle, je me souviens de grands bruits durant quelques jours. Haïti en est à une belle somme de catastrophe naturelle, autant les cyclones qui l'ont dévasté il y a quelques années, on en a vaguement entendu parlé, mais pour ce tremblement de terre, l'Etat français qui jusque là n'arrête pas de nous dire que nous devons faire des économies se lance dans un véritable combat d'aide humanitaire (après avoir offert de l'argent aux banques, la SARA en guadeloupe une belle enveloppe de 40 millions d'euros etc etc...). A promesse dite, à promesse tenue, Sarko l'a dit!
Mais mon positionnement n'est pas là, heureusement que l'humanitaire et la solidarité planétaire est là, même si par leur réaction puérile, sans réflexion, les USA et l'Europe se sont jetés dans la course à l'aide (USA 1er arrivée, Fr: 2nd, et Cuba essaie de défendre sa place), on n'a juste réussi à envoyer un gros coup d'espoir à la population, pour obtenir un réel engorgement des points d'accès aux pays. On peut légitement se poser la question du "à quoi toute cette agitation médiatique aura servi...".
Bref, Haïti sera au centre obligé de nos intérêts décidé par les grands médias, et nous devrons chaque jour entendre ces témoignages qui nous rappelle combien nous sommes sur la scelette, à un tel point que France-Antilles Guadeloupe titre hier en première page: "Et vous, serez vous prêt?".
Stupeur, effroie, c'est vrai que nous sommes en alerte imminente d'un séisme de très grande magnitude, le problème est que la probabilité est extrêmement forte, mais que finalement on ne sait pas vraiment quand est-ce que ça arrivera....
Mais il y a encore un autre point sympathique. La France, la France, oh la France. Lorsque nous sommes arrivés en Guadeloupe, il a fallu faire quelques papiers auprès de la sous-préfecture, notamment pour enraciner ma voiture ici, et bien entendu, que ma carte grise soit mise à jour. Deux matins de suite, après avoir fait la queue et me retrouver refouler car à 6h j'étais déjà le 92e dans la file d'attente d'une préfecture qui ouvre à 8h..., à côté des guichets "auto", il y a le bureau de réception des étrangers. Une horde de haïtiens attendant depuis la nuit, pour certains ayant dormi devant la porte pour espérer être reçu par les agents de la sous-préf. Amnesty International s'est même ému de l'entorse aux Droits de l'Homme, puisqu'il apparaît que seul 5 billets par jour est distribué à cette centaine de personnes qui attends chaque jour l'espoir de pouvoir y entrer...
Mais malgré cela, la Guadeloupe est solidaire: Orange offre les appels vers Haïti jusqu'à la fin du mois (paraît que ce ne sera pas énorme vu à la vitesse où seront rétablis les communications... malin hein!); LKP propose une journée débat-conférence-concert; les établissements scolaires font des collectes par niveau, etc etc... Mais à côté de ça, Radio Contact Guadeloupe émet sur ses ondes qu'il faut arrêter de parler d'Haïti, ils ont voulu leur indépendance, qu'il l'assume! hmm.. Radio Contact basée à Pointe-à-Pitre, sorte de radio hybride évangéliste / politique / associative, a été condamnée par le CSA pour diffusion de propos raciste envers la communauté haïtienne.
Quand je parle d'Haïti à mes élèves, j'ai des réactions épidermiques chez certains, retraduisant la pensée de leurs parents: des voleurs, des chamans, des vaudous, des sorciers, tous des clandestins qui viennent en Guadeloupe pour se confondre avec les locaux et profiter de nos services sociaux. Oui, un Haïtien, ça ne fuit rien, ça vient juste parce qu'ici c'est mieux...
La Guadeloupe, il suffit de taper sous Google, c'est aussi la terre de renvoie des Haïtiens, une véritable traque est organisée. En Métropole, c'est l'Africain et l'Asiatique (pour faire large), ici, c'est le Haïtien. Un bureau de l'immigration d'ailleurs installé à Pointe-à-Pitre propose même aux clandestins de se dénoncer ouvertement, en présentant un projet de développement pour leur pays d'origine. L'Etat français financera alors leur projet si celui-ci est retenu... Je me demande s'il n'est pas retenu, lui laissera-t-on la chance de rester ici?
Haïti en Guadeloupe c'est à double versant, y'a des gens qui comprennent qu'on fait un tout dans cette Caraïbe, d'autre qui refuse obstinément d'accepter la misère qui nous entoure. Pourtant c'est un fait, et Haïti en est vraiment l'élément essentiel. Certes l'Histoire a voulu qu'Haïti a été le plus violent sentiment d'accession à la liberté, mais doit-on en vouloir à d'anciens esclaves de ne pas avoir eu envie de retrouver leur condition? Il semblerait que le racisme primaire qui sévit envers cette communauté viendrait justement de là, une sorte de jalousie de certains guadeloupéens d'avoir du attendre 1848 pour se voir affranchir, même se voir octroyer ce droit de ne plus être esclave.... Haïti aura combattu, jusqu'à la mort pour réussir à obtenir cet affranchissement, on ne leur a rien octroyé du tout. Et là, je ne veux pas minimiser les révoltes, les hommes qui ont lutté contre le rétablissement napoléonien jusqu'à la nouvelle libération.
Bref, tout ça pour dire que j'ai eu plaisir la semaine dernière de voir les Haïtiens de Guadeloupe en vêtement blanc ouvrir le carnaval de Lapwente en signe de commémoration des événements tragiques, car pour la première fois, ils ont été resplendissants dans cette Guadeloupe où la plupart se cache. J'ai vu un bout de diversité à ce moment, j'ai vu Haïti dans la rue, sans crainte, sans préjugés, en toute légitimité. Je regrette juste qu'il a fallu cet événement tragique pour que ces Haïtiens qui font vivre la Guadeloupe par leur travail, par leurs commerces de maraîchers, soit dans la rue en beauté, avec ce côté exutoire dans leur défilée de mémoire, une impression de fête tragique, mais en chanson, en cadence, en rythme effréné, comme il est de coûtume!
J'espère que la prédiction de Siné n'aura pas lieu, et qu'au contraire vive maintenant Haïti, cette première nation qui s'est affranchie du colonialisme, de l'esclavage par ses armes, par sa volonté de liberté... Qu'on apprenne Haïti parce que pour nos tites têtes de français, c'est un bel exemple de nos relations avec le monde, et surtout qu'on apprenne la richesse culturelle de ce petit occident d'île!
Un petit carton rouge pour Anthony Kavanagh qui pose pour la pub d'UNICEF: "Osera-t-on regarder nos enfants lorsqu'ils nous demanderont si on a donné pour Haïti". Je retourne la question à ce cher comédien qui ferait mieux de rester dans son registre plutôt que faire du dramatique: "Osera-t-on regarder nos enfants dans les yeux lorsqu'ils nous demanderont pourquoi a-t-on décidé de faire pour Haïti après que la pire catastrophe soi passé, et qu'on n'a pas cherché à prévenir? Pourquoi on aide les pauvres que lorsque la misère frappe définitivement? Pourquoi n'a-t-on pas réduit leur dette, ou mis un plan d'aide en place? Pourquoi quand on a eu les premiers reportages de galettes de terre on a juste évoqué le fait une fois et non tous les jours pour parler des survivants qui réussissaient à survivre un jour de plus là bas...?"
"Pensez qu'il n'avait déjà pas grand chose avant, alors maintenant comprenez qu'ils n'ont plus rien (larmes, larmes, aux bords des pleurs... puis sourrire de consolation): c'est pour cela que nous appelons à votre générosité...".
J'apprends aussi que la France a beaucoup oeuvré en Haïti, tout en apprenant qu'Haïti a toujours refusé l'aide des "blancs" par souci de fierté face à leur ex-maître colonisateur et surtout esclavagiste! En revanche, tout ça, c'est à chaque fois pareil, y'a des trucs qu'on prend en compte, y'a d'autres trucs qui passent presque pour lettre morte. L'Indonésie a été foudroyé par toute une série de catastrophe naturelle, je me souviens de grands bruits durant quelques jours. Haïti en est à une belle somme de catastrophe naturelle, autant les cyclones qui l'ont dévasté il y a quelques années, on en a vaguement entendu parlé, mais pour ce tremblement de terre, l'Etat français qui jusque là n'arrête pas de nous dire que nous devons faire des économies se lance dans un véritable combat d'aide humanitaire (après avoir offert de l'argent aux banques, la SARA en guadeloupe une belle enveloppe de 40 millions d'euros etc etc...). A promesse dite, à promesse tenue, Sarko l'a dit!
Mais mon positionnement n'est pas là, heureusement que l'humanitaire et la solidarité planétaire est là, même si par leur réaction puérile, sans réflexion, les USA et l'Europe se sont jetés dans la course à l'aide (USA 1er arrivée, Fr: 2nd, et Cuba essaie de défendre sa place), on n'a juste réussi à envoyer un gros coup d'espoir à la population, pour obtenir un réel engorgement des points d'accès aux pays. On peut légitement se poser la question du "à quoi toute cette agitation médiatique aura servi...".
Bref, Haïti sera au centre obligé de nos intérêts décidé par les grands médias, et nous devrons chaque jour entendre ces témoignages qui nous rappelle combien nous sommes sur la scelette, à un tel point que France-Antilles Guadeloupe titre hier en première page: "Et vous, serez vous prêt?".
Stupeur, effroie, c'est vrai que nous sommes en alerte imminente d'un séisme de très grande magnitude, le problème est que la probabilité est extrêmement forte, mais que finalement on ne sait pas vraiment quand est-ce que ça arrivera....
Mais il y a encore un autre point sympathique. La France, la France, oh la France. Lorsque nous sommes arrivés en Guadeloupe, il a fallu faire quelques papiers auprès de la sous-préfecture, notamment pour enraciner ma voiture ici, et bien entendu, que ma carte grise soit mise à jour. Deux matins de suite, après avoir fait la queue et me retrouver refouler car à 6h j'étais déjà le 92e dans la file d'attente d'une préfecture qui ouvre à 8h..., à côté des guichets "auto", il y a le bureau de réception des étrangers. Une horde de haïtiens attendant depuis la nuit, pour certains ayant dormi devant la porte pour espérer être reçu par les agents de la sous-préf. Amnesty International s'est même ému de l'entorse aux Droits de l'Homme, puisqu'il apparaît que seul 5 billets par jour est distribué à cette centaine de personnes qui attends chaque jour l'espoir de pouvoir y entrer...
Mais malgré cela, la Guadeloupe est solidaire: Orange offre les appels vers Haïti jusqu'à la fin du mois (paraît que ce ne sera pas énorme vu à la vitesse où seront rétablis les communications... malin hein!); LKP propose une journée débat-conférence-concert; les établissements scolaires font des collectes par niveau, etc etc... Mais à côté de ça, Radio Contact Guadeloupe émet sur ses ondes qu'il faut arrêter de parler d'Haïti, ils ont voulu leur indépendance, qu'il l'assume! hmm.. Radio Contact basée à Pointe-à-Pitre, sorte de radio hybride évangéliste / politique / associative, a été condamnée par le CSA pour diffusion de propos raciste envers la communauté haïtienne.
Quand je parle d'Haïti à mes élèves, j'ai des réactions épidermiques chez certains, retraduisant la pensée de leurs parents: des voleurs, des chamans, des vaudous, des sorciers, tous des clandestins qui viennent en Guadeloupe pour se confondre avec les locaux et profiter de nos services sociaux. Oui, un Haïtien, ça ne fuit rien, ça vient juste parce qu'ici c'est mieux...
La Guadeloupe, il suffit de taper sous Google, c'est aussi la terre de renvoie des Haïtiens, une véritable traque est organisée. En Métropole, c'est l'Africain et l'Asiatique (pour faire large), ici, c'est le Haïtien. Un bureau de l'immigration d'ailleurs installé à Pointe-à-Pitre propose même aux clandestins de se dénoncer ouvertement, en présentant un projet de développement pour leur pays d'origine. L'Etat français financera alors leur projet si celui-ci est retenu... Je me demande s'il n'est pas retenu, lui laissera-t-on la chance de rester ici?
Haïti en Guadeloupe c'est à double versant, y'a des gens qui comprennent qu'on fait un tout dans cette Caraïbe, d'autre qui refuse obstinément d'accepter la misère qui nous entoure. Pourtant c'est un fait, et Haïti en est vraiment l'élément essentiel. Certes l'Histoire a voulu qu'Haïti a été le plus violent sentiment d'accession à la liberté, mais doit-on en vouloir à d'anciens esclaves de ne pas avoir eu envie de retrouver leur condition? Il semblerait que le racisme primaire qui sévit envers cette communauté viendrait justement de là, une sorte de jalousie de certains guadeloupéens d'avoir du attendre 1848 pour se voir affranchir, même se voir octroyer ce droit de ne plus être esclave.... Haïti aura combattu, jusqu'à la mort pour réussir à obtenir cet affranchissement, on ne leur a rien octroyé du tout. Et là, je ne veux pas minimiser les révoltes, les hommes qui ont lutté contre le rétablissement napoléonien jusqu'à la nouvelle libération.
Bref, tout ça pour dire que j'ai eu plaisir la semaine dernière de voir les Haïtiens de Guadeloupe en vêtement blanc ouvrir le carnaval de Lapwente en signe de commémoration des événements tragiques, car pour la première fois, ils ont été resplendissants dans cette Guadeloupe où la plupart se cache. J'ai vu un bout de diversité à ce moment, j'ai vu Haïti dans la rue, sans crainte, sans préjugés, en toute légitimité. Je regrette juste qu'il a fallu cet événement tragique pour que ces Haïtiens qui font vivre la Guadeloupe par leur travail, par leurs commerces de maraîchers, soit dans la rue en beauté, avec ce côté exutoire dans leur défilée de mémoire, une impression de fête tragique, mais en chanson, en cadence, en rythme effréné, comme il est de coûtume!
J'espère que la prédiction de Siné n'aura pas lieu, et qu'au contraire vive maintenant Haïti, cette première nation qui s'est affranchie du colonialisme, de l'esclavage par ses armes, par sa volonté de liberté... Qu'on apprenne Haïti parce que pour nos tites têtes de français, c'est un bel exemple de nos relations avec le monde, et surtout qu'on apprenne la richesse culturelle de ce petit occident d'île!
Un petit carton rouge pour Anthony Kavanagh qui pose pour la pub d'UNICEF: "Osera-t-on regarder nos enfants lorsqu'ils nous demanderont si on a donné pour Haïti". Je retourne la question à ce cher comédien qui ferait mieux de rester dans son registre plutôt que faire du dramatique: "Osera-t-on regarder nos enfants dans les yeux lorsqu'ils nous demanderont pourquoi a-t-on décidé de faire pour Haïti après que la pire catastrophe soi passé, et qu'on n'a pas cherché à prévenir? Pourquoi on aide les pauvres que lorsque la misère frappe définitivement? Pourquoi n'a-t-on pas réduit leur dette, ou mis un plan d'aide en place? Pourquoi quand on a eu les premiers reportages de galettes de terre on a juste évoqué le fait une fois et non tous les jours pour parler des survivants qui réussissaient à survivre un jour de plus là bas...?"
Anthony Kavanagh veut un "Téléthon" pour Haïti
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